Quand l’apôtre Paul déclare qu’il « court vers le but pour remporter la victoire », nous pouvons y voir un parallèle entre la vie chrétienne et le monde du sport. Avec les Jeux Olympiques en France, voilà un passage du Nouveau Testament qui va réveiller dans notre foi une image jusque-là largement considérée comme seulement rhétorique.
Dans sa lettre aux Philippiens, Paul, pour parler du chrétien, non seulement le représente en sportif, mais encore lui recommande de vivre comme un ascète. Et qu’est-ce que c’est que d’être ascète ? C’est de faire des exercices. C’est le même mot que l’on utilisait en effet pour les sportifs qui effectuaient leurs exercices avant de concourir.
On voit bien les athlètes se préparer durant des mois et des années, sans jamais lâcher le morceau, prêt à tout laisser pour le but, s’abstenant de certains modes de vie ou de nourriture, portés par le goût du défi, voire du risque. La réalité sportive oblige à l’inlassable mouvement, tout comme la visée du christianisme est de mettre en mouvement vers la fin.
Et cela correspond parfaitement à ce qu’on lit au sujet de l’apôtre lui-même. Spirituellement, on l’imagine s’entraîner à courir sur un stade et se tendre au dernier moment pour briser le fil. Et recommencer son entrainement, et s’améliorer, et toujours s’approcher du but en vainqueur de la course.
Dans les Evangiles, des disciples aussi courent vers le tombeau de Jésus, et Marie-Madeleine elle-même avait couru vers eux (Jean 20, 2 et 4). Quand on désire être avec le Christ, alors on s’élance sans perdre une minute pour arriver là où il nous attend. Il y a les rencontres suivantes, et puis l’ultime, qui nécessite les exercices recommandés, l’ascèse des sportifs antiques et modernes.
Être chrétien ? Ce n’est pas seulement avoir des valeurs, ce serait trop facile, mais le désir d’être tendu pour rencontrer et vivre avec le Christ. La foi chrétienne n’est pas uniquement une question de « vu », d’avoir une hauteur de vue, de capacité d’analyse ou de compréhension. Elle va au-delà, c’est de désirer de vivre dans la main de Dieu, autrement dit côte à côte avec Dieu.
Dans les textes précédant ce passage, Paul fait le point aussi sur sa vie dans une analyse identitaire de sa religion : circoncis, je fais partie de telle tribu d’Israël, j’ai fait des études, je suis rabbin, etc. … Mais il conclut en disant que tout cela ne sert à rien, si je ne cours pas. Il ne s’agit pas de penser faire fi de tout ce qui s’est passé auparavant, nous savons que ce n’est pas vrai et que ce n’est pas possible, et Paul ne le fait pas. Nous sommes invités à transfigurer ce rapport identitaire que nous avons avec notre passé plus ou moins chrétien, et à courir maintenant, plus loin, plus fortifié.
Que la période estivale et olympique soit pour chacun et chacune de nous un temps propice pour « s’exercer », et méditer sur ce que signifie d’être « ascète », une occasion donc pour faire le point sur notre vie et notre foi. Qu’y aurait-il à délester pour pouvoir courir plus léger ? Redécouvrons donc ce sport qui nous fait courir vers le Christ !
pasteur Laza Nomenjanahary
inspecteur ecclésiastique